L’équipe de la Newsletter FMP a pris l’initiative de rencontrer et d’interviewer le Doyen et prend plaisir à partager avec vous ses réponses sur la vie facultaire pendant cette période critique…
EQUIPE NEWSLETTER : Monsieur le Doyen, depuis le 29 février 2024 les locaux de la Faculté sont fermés et depuis le 21 avril 2024 ils sont abandonnés, livrés aux bandits et pillards, comment vivez-vous cette situation ?
DOYEN : Évidemment très mal. Ces événements c’est d’abord une catastrophe. Quand on considère qu’on évoluait déjà dans des conditions difficiles et avec des ressources limitées, quand on considère les efforts et les sacrifices consentis pour commencer certaines choses et que tout est perdu et qu’il faudra recommencer en dessous de zéro ou presque. Mais par ailleurs, j’ai malheureusement un sentiment mixte de fatalité et d’espoir.
Fatalité, parce que de la façon dont les choses se sont détériorées, ce qui est arrivé devait arriver ou encore ce qui devrait arriver est arrivé…. Pourtant je garde espoir qu’on va en tirer les leçons et travailler au relèvement. La Faculté est à terre, mais elle n’est pas morte. Elle se relèvera, fonctionnera, se transformera et s’accréditera.
EQUIPE NEWSLETTER : Depuis le 29 février les locaux sont fermés, la Faculté est à terre. Et vous, avez-vous chômé ?
DOYEN : Soyons sérieux ! Il n’y pas moyen et ce n’est pas le moment. Entre les appels, la correspondance, les initiatives, les rencontres en ligne et en présentiel, les va-et- vient au Rectorat … on a là tout pour continuer à avoir un agenda chargé.
EQUIPE NEWSLETTER : Racontez-nous, Monsieur Le Doyen avec des détails ce qui a marqué cette période ?
DOYEN : Il faut bien vous dire que d’abord il y a eu une période d’observation. Quand on a laissé la Faculté le 29 février on ne pouvait pas jurer qu’au 1er mars on ne pourrait y retourner. Il nous a pris un certain temps pour que la situation nous donne ses conclusions : la zone est infréquentable et l’accès aux locaux n’est pas possible.
Une première initiative a été le rapprochement des cinq (5) Facultés de la zone : Odontologie, FMP, FDS, FDSE, Ethnologie qui ont constitué un groupe pour le partage d’informations et la prise de certaines dispositions telles le contact permanent avec les autorités policières.
EQUIPE NEWSLETTER : En attendant la « libération » des locaux, pour les suivis administratifs qu’est ce qui a été fait ?
DOYEN : On a gardé un contact constant avec l’Administrateur (ou faisant fonction) et toute l’équipe administrative. On a très vite compris que le local du Rectorat peut constituer un point de repli ou de rencontre. C’est là que le Chef Comptable a assuré d’abord la distribution de chèques aux employés et aux professeurs. C’est là que le Chef du Personnel a assuré certains suivis avec certains employés : donner une lettre de travail par exemple.
La première rencontre avec les Chefs de Service a eu lieu au rectorat le mardi 9 avril 2024 où nous avons pris des dispositions pour évacuer certaines choses de la Faculté : à la diligence de l’Administrateur, les registres, les boîtiers d’ordinateurs et quelques écrans ont été récupérés. On a aussi décidé d’avoir un poste de travail au siège du Rectorat.
EQUIPE NEWSLETTER : Qu’est ce qui a été fait pour la poursuite de l’internat ?
DOYEN : L’internat a été le premier chantier. On doit ici remercier la Présidence et la Direction de l’école de médecine du Campus Henri Christophe de Limonade, qui ont permis à nos étudiants de continuer leur formation à côté de la cohorte de Limonade, l’Hôpital Justinien et sa Direction Exécutive avec Docteur Getho DUBÉ. Il faut remercier Zanmi la Santé qui a permis à un autre groupe d’aller à Hinche, l’Hôpital Grace de Delmas avec le Docteur Rony DÉRIUS pour les stages d’Ophtalmologie et de Pneumologie. Il faut aussi remercier l’Hôpital Eliazar Germain avec le Docteur Francito DATUS et l’Hôpital Universitaire La Paix avec le Docteur Paul FONTILUS. Actuellement tous les internes sont « casés » et ont la possibilité de boucler l’internat. Nous devons ajouter que nous avons deux groupes, le premier a commencé en décembre 2022 et le second en janvier 2024.
EQUIPE NEWSLETTER : Qu’en est-il de ceux qui doivent aller en service Social ?
DOYEN : Disons d’emblée que le Service Social relève du MSPP. Le rôle de la FMP se résume à communiquer au Ministère la liste des diplômés, astreints au Service Social. De plus depuis quelques années la Faculté participe avec le Ministère au processus du Choix de Postes.
Pour cette année il n’y a pas trop des soucis pour les diplômés en Pharmacie. Pour ceux de la Biologie Médicale, il y a un groupe en attente depuis août 2023 et d’ici août 2024 un autre groupe sera prêt.
Pour les médecins, le groupe qui doit partir en Service Social a commencé son internat en décembre 2022. La durée de l’internat est incompressible (12 mois, pas moins). À cause des arrêts de travail (grèves …) ce groupe qui devait être prêt en décembre 2023 ne pourrait terminer pour les plus réguliers avant avril 2024. Ce qui fait qu’au 1er mars 2024 le nombre de ceux qui ont bouclé leur cycle était de 41.
À la faveur des dispositions prises pour la poursuite de l’internat, au 30 juin 2024, ils sont 80. Le 1er juillet 2024 la liste de la promotion est transmise à la DFPSS, avec la mention ceux qui ont terminé et ceux qui continuent leur formation.
Il demeure entendu que quelqu’un qui n’a pas bouclé son internat ne peut prétendre au Service Social.
EQUIPE NEWSLETTER : Et la Résidence Hospitalière, Monsieur le Doyen ?
DOYEN : La Faculté intervient dans la Résidence Hospitalière dans un rôle de coordination, contrôle, supervision et certification. Dès le début de cette période critique, la même question posée pour l’Internat l’a été pour la Résidence.
Cinq centres de formation spécialisée du réseau FMP sont fermés : le SANATORIUM de Port-au-Prince, la Maternité Isaïe Jeanty, le centre Mars & Kline (Psychiatrie) et l’HUEH.
Le premier souci a été de voir comment avec les centres du réseau qui fonctionnent encore (Hôpital la Paix, les hôpitaux du réseau Zanmi La Sante et Hôpital Justinien) comment assurer des rotations pour les résidents.
Ainsi l’Hôpital la Paix a accepté d’accueillir par un transfert permanent les Résidents de 2ème année de Chancerelle et de recevoir en rotation ceux de l’HUEH.
Des rotations sont offertes par les hôpitaux de Mirebalais, Saint Damien et l’Hôpital de Fond des Blancs.
D’autre part à l’initiative du Décanat, les Responsables de formations des différentes hôpitaux Universitaires ont été convoqués en une équipe de travail et de réflexion sur la Résidence Hospitalière.
Depuis le 24 mai 2024 cette équipe est à sa cinquième rencontre. Et l’on est en train de plancher sur le recrutement 2024-2025, processus devenu incontournable et nécessaire pour tous les hôpitaux universitaires, surtout ceux qui fonctionnent encore et qui ont dû passer l’année 2023-2024 sans cohorte de résident de première année, conséquence directe de l’annulation du concours prévu pour le 15 octobre 2023.
Cette équipe qui est appelée à être permanente devra réfléchir et travailler sur les grands chantiers de la résidence hospitalière : règlement généraux, recrutement, programmes de formation, évaluation, certification, et accréditation.
EQUIPE NEWSLETTER : Monsieur le Doyen, qu’est ce qui a été fait pour les étudiants du premier et du deuxième cycle ?
DOYEN : Pour les étudiants des deux premiers cycles, le problème le plus difficile à résoudre c’est l’organisation des stages cliniques avec la fermeture de l’HUEH. Pour les cours théoriques, la plupart des Professeurs se sont mis à l’enseignement à distance ….
Pour ceux qui ont besoin de cours en présentiel, nous avons déjà la salle de conférence de l’AMH et la possibilité d’utiliser des locaux à l’Hôpital de Turgeau ou à l’Hôpital OMNI à Pétion-Ville. -
Nous devons profiter pour remercier l’AMH, le Docteur DUVAL et le Docteur LAROCHE (DASH).
EQUIPE NEWSLETTER : Monsieur le Doyen, avez-vous des nouvelles de nos Chefs de Département ?
DOYEN : Oui, certainement. A l’invitation du Doyen, le Conseil des Chefs de département s’est réuni le 17 mai 2024 pour partager des informations concernant la FMP, discuter de la poursuite de la formation dans ces nouvelles conditions.
Une nouvelle rencontre aura certainement lieu au mois de juillet.
EQUIPE NEWSLETTER : Monsieur le Doyen, avez-vous un dernier mot ?
DOYEN : Plutôt un mot de plus… je voudrais dire a toute la communauté facultaire qu’on est là, ferme au poste, qu’on « s’accommode » malheureusement comme tout le monde et qu’on espère des jours meilleurs avec le retour au calme et à la sécurité pour qu’on regagne nos locaux et qu’on recommence à fonctionner. Enfin, je dois remercier toute l’équipe de la Newsletter pour son excellent travail.
EQUIPE NEWSLETTER : Monsieur le Doyen, l’équipe de la Newsletter vous remercie.
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