Discours du Doyen de la FMP, Dr Bernard PIERRE, à l'occasion de la graduation de la Promotion 2016 –2022
Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs,
À entendre l'histoire de cette promotion, on pense à l'épreuve du "mât suifé".
Pour ceux qui ne le savent pas, cette épreuve consiste à grimper le long d'un mât enduit de suif, donc ça glisse, jusqu'à atteindre le sommet sur lequel se trouve un panier avec les récompenses.
Le mât , c'est le parcours ; le suif, c'est les difficultés. Et dans cette épreuve, au pied du mât on pense aux difficultés ; et pendant la montée, on vit les difficultés ; on les endure. Mais parvenu au sommet de ce mât , on ne pense plus au difficultés, on pense plutôt au panier et à son contenu.
Nos récipiendaires ont aujourd'hui le panier.
C'est légitime pour eux de nous rappeler toutes les difficultés et les souffrances endurées. Mais cela ne doit pas créer en nous un sentiment de pitié, d'ailleurs ils n'en ont plus besoin, mais plutôt de la fierté et de la satisfaction. Nous sommes fiers d'eux, et eux, ils ont le droit d’être satisfaits de leur accomplissement.
Cet accomplissement, c'est le fruit de leur efforts personnels, c'est le fruit de sacrifice de leur part, de la générosité de leurs formateurs, mais aussi c'est aussi le fruit des fonds de l’État alloués à l’université d’État et à la faculté de médecine. J'avais dis ça en maintes occasions et je le répète :Ils ne pourront pas dire que le pays ne leur a rien offert. Et cela doit créer chez eux un sentiment de dette : rendre à ce pays ce qu'il leur a offert.
Mesdames et messieurs, organiser cette cérémonie aujourd'hui, c'est réaffirmer la mission de la faculté qui est celle de former des professionnels de santé pour le pays d'abord. C'est dire à tout le monde que la vieille FMP est encore là, avec une matrice féconde, qu'elle est courageuse, qu'elle est fière et résiliente. Mais cette faculté courageuse, fière et résiliente n'a plus de local. Chassée de la rue Oswald Durand, elle a perdu mobilier, matériel et certains documents.
C'est une faculté qui veut continuer à vivre, qui espère, qui espère retourner à la rue Oswald Durand et qui espère retrouver l'HUEH pour la formation clinique de ses étudiants. Elle veut y retourner parce qu’elle y croit, parce qu’elle le veut et parce que ce pays a encore des chefs : « Ave consules ! », salut les chefs !. On vous attend, mais on est impatients. Et vous comprenez pourquoi.
On
veut profiter de cette occasion pour remercier publiquement certaines
institutions qui ont volé au secours de la faculté dans des moments
difficiles de ces dernières années. Au risque d'en oublier
certaines, nous citons : l'Association Médicale Haïtienne,
l'Hôpital de Turgeau, l'Hôpital Saint Louis et l'Institut Haïtien
des Hautes Études Administratives. À
chacune de ces quatre institutions nous remettons une plaque HONNEUR
ET MÉRITE.
Nous citons aussi l'Hôpital Justinien du Cap,
l'Hôpital La Paix, l'Hôpital de Hinche, les hôpitaux St Damien, St
Luke, Eliazar Germain, Grace, Fermathe, Arcachon et la direction du
campus de Limonade ainsi que le Décanat de son École de Médecine.
Chers récipiendaires, vous voici à l'aube d'une nouvelle vie. Vivez la pleinement. Qu'elle soit éclairée par des lanternes, et je peux vous citer quelques unes :
D'abord, l'amour de la profession. L'autre a chanté, je ne dis pas son nom,
« c'est le plus beau des métiers car c'est mon métier ». Aimez la profession que vous avez choisie.
Deuxième lanterne, c'est formation. Votre formation ne se termine pas là . Elle doit continuer chaque jour et toujours. La compétence est une construction continue et incessante. Continuez à vous former.
Troisième lanterne que je vous signale aujourd'hui, c'est la discipline. C'est elle elle qui vous donnera le respect de vos patients et le respect de vos collègues.
Quatrième lanterne : le respect. Le respect de vous mêmes. Respectez-vous vous-même ! Le respect des patients, le respect des proches des patients, le respect de vos collègues et le respect des aînés.
Enfin, l’honnêteté. Faites bien ce que vous faites, faites ce que vous savez faire. Rappelez vous toujours un des principes cardinaux de la pratique médicale : « Primum non nocere », d'abord ne pas nuire. Mais plutôt pensez toujours au respect de la vie, au respect de la dignité de la personne.
Enfin soyez justes dans vos honoraires.
Utilisez ces lanternes pendant toute votre carrière. Que cette dernière soit longue et fructueuse. Et quand viendra le jour de la retraite ou du grand départ, que vous puissiez dire à vous mêmes, ou que les autres puissent dire de vous, j'ai été, ou il a été, pas forcément un grand, mais plutôt un bon médecin.
Je vous adresse les félicitations de l’université, de la faculté, et mes félicitations personnelles.
Dr Bernard PIERRE
Doyen de la Faculté de Médecine et de Pharmacie / École de Biologie Médicale et d’Optométrie
Université d’État d’Haïti.
Voir directement sur Youtube : https://youtu.be/r3Ls3eJ1Yts?si=z0lzHjMAe6erYP66

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