« Les Frissons du Silence » & « Rasin ak Limyè », poèmes écrits par Malaicha Jean François offrent aux lecteurs une plongée dans une poésie à la fois intime et universelle, où se croisent fragilité et force, silence et chant.
Malaicha Jean François, étudiante en première année de médecine à la Faculté de Médecine et de Pharmacie (FMP), dévoile une sensibilité littéraire rare à travers son recueil inédit Brumes d’encre. Ses deux poèmes présentés dans notre NEWSLETTER FMP explorent avec une intensité remarquable les tensions entre douleur et résilience, entre héritage et liberté. Si la médecine exige rigueur scientifique, l’écriture de Malaicha révèle une autre facette de son engagement : celui d’une âme qui ausculte les profondeurs de l’humain, tantôt dans les ténèbres de l’introspection, tantôt dans la lumière des racines culturelles.
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Auteur : ✦ Jean François Malaischa ✦ 𝘉𝘳𝘶𝘮𝘦 𝘥’𝘦𝘯𝘤𝘳𝘦 |
Auteur : ✦ Jean François Malaischa ✦
𝘉𝘳𝘶𝘮𝘦 𝘥’𝘦𝘯𝘤𝘳𝘦 |
Analyse littéraire des deux poèmes
1. Les Frissons du Silence : Une plongée dans l’abîme intérieur
Thèmes dominants :
- La lutte contre la dépression et l’angoisse : Le poème décrit une spirale de pensées auto-destructrices ("Prisonnière de mes sinistres pensées", "La mort m’a frôlée"), évoquant des images cliniques (vertige, explosion mentale) qui résonnent avec le parcours médical de l’autrice.
- Le temps et l’enfermement : Le temps est perçu comme un geôlier ("prisonnière du temps qui fuit"), tandis que le silence devient un espace de résonance pour la douleur ("un murmure oublié").
- La quête de liberté : Une rupture avec les normes sociales est appelée ("Supprimer ces règles absurdes"), symbolisée par des métaphores sensorielles (vent, désir, feu).
Procédés stylistiques :
- Contrastes : Oppositions entre "tiède" (larmes) et "violence" (blessure de l’âme), "illusion" et "réalité", reflétant le dualisme de l’expérience humaine.
- Métaphores médicales : "Cicatrice invisible", "lame glisse sans bruit" suggèrent une autopsie poétique de la souffrance.
- Rythme : Phrases tantôt saccadées (angoisse), tantôt fluides (évasion), mimant les flux de conscience.
Lien avec la médecine : Le poème pourrait être lu comme une métaphore du combat contre la maladie mentale, où le soignant (ou l’étudiant) reconnaît aussi sa propre vulnérabilité.
2. Rasin ak Limyè : Une ode aux racines et à la guérison
Thèmes dominants :
- L’héritage culturel (haïtien) : Les références aux zansèt (ancêtres), aux rituels (banda, tafya), et aux éléments naturels (dlo, solèy) tissent un hommage à la tradition.
- La résilience par la spiritualité : Les esprits guides ("Lespri yo ap gide m") et les forces naturelles (Mèt Limyè, Mèt Dlo) agissent comme des remèdes symboliques.
- L’harmonie corps-esprit : Le poème célèbre les sens (odeurs, chants, danses) comme voies de guérison.
Procédés stylistiques :
- Créolité et oralité : Le choix du créole haïtien renforce l’ancrage culturel, tandis que les répétitions ("M ap...") créent un rythme incantatoire.
- Symbolisme naturel : L’eau (Dlo) nettoie, le soleil (Mèt Solèy) fortifie, évoquant des remèdes traditionnels.
- Synesthésies : "Bon sant griyo ap pete nen mwen" mêle odorat et mémoire, "tanbou ki vibre nan fon m" lie son et vibration corporelle.
Lien avec la médecine : Le poème rappelle l’importance des approches holistiques en santé, où les rituels et la communauté participent à la guérison.
Malaicha Jean François, par sa double casquette d’étudiante en médecine et de poétesse, incarne la richesse des esprits qui savent conjuguer science et art. Les Frissons du Silence et Rasin ak Limyè forment un diptyque puissant : l’un explore les abîmes de l’âme, l’autre offre une main tendue vers la lumière des origines. Ces textes rappellent que la médecine, avant d’être une science, est une histoire d’humanité — et que les mots, parfois, peuvent panser là où les médicaments ne suffisent pas.
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